拍品专文
Ce somptueux portrait exécuté par Jooris van der Straeten (actif entre 1552 et 1577) d'après le tableau d'Antonis Mor (1516⁄1521-1576) représente la jeune reine d'Espagne, Élisabeth de Valois (1546-1568), peu après son mariage avec Philippe II d'Espagne (1527-1598) en 1559.
Elisa Bermejo Martinez, dans sa notice de catalogue sur le tableau de Mor (E. Bermejo, in S. Breuer-Hermann et al., Alonso Sánchez Coello y el Retrato en la Corte de Felipe II, [cat. exp.], Madrid, 1990, p. 131), émet l'hypothèse que la reine pourrait être représentée dans le costume qu'elle portait lors de son mariage. Bien que cela ne puisse être prouvé, le charmant Mémoire de ce qu'il faut pour Madame (MS. de IMP. no. 8638, fol. 55. Collection de Documents Inédits) décrit le trousseau d'Élisabeth en détail : celui-ci comprend une robe cramoisie généreusement brodée au fil d'or, dans laquelle il est très tentant de voir la robe du présent portrait. Au regard de la minutie avec laquelle le costume est rendu dans le tableau de Mor, il est probable que la jeune reine ait prêté ses bijoux et ses vêtements au peintre afin de lui permettre de travailler en son absence.
Fille d'Henri II de France (1519-1559) et de son épouse Catherine de Médicis (1519-1589), Élisabeth fût, comme toutes les femmes de sang royal de son époque, un pion sur l'échiquier politique européen. Alors qu'Élisabeth n'a que quatre ans, Henri II entame des discussions avec les ambassadeurs anglais afin d'organiser un mariage entre elle et le jeune roi protestant Édouard VI d'Angleterre (1537-1553). La mort d'Édouard en 1553, à l'âge de seize ans, met cependant un terme à cette union controversée. Ce n'est qu'en 1558, lors des négociations du traité du Cateau-Cambrésis, qu'un nouvel époux est proposé à la jeune princesse. Cet accord, signé par les deux parties en 1559, met fin à la onzième guerre d'Italie, qui opposait alors la France, l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique pour le contrôle de divers territoires de la péninsule italienne, notamment le duché de Milan. Lors des négociations initiales, Élisabeth avait été offerte en mariage à Don Carlos, prince des Asturies (1545-1568), héritier du trône d'Espagne. Cependant, la mort en novembre 1558 de Marie Tudor (1516-1558), seconde épouse de Philippe II, changea la donne et la main de la princesse française fut donnée au roi d'Espagne lui-même en signe de paix entre les deux États historiquement belligérants. C'est pour cette raison qu' Élisabeth de Valois est connue en Espagne sous le nom d'Isabel de La Paz, Élisabeth de la Paix.
D'un point de vue diplomatique, il aurait été très important qu'un portrait de la nouvelle reine d'Espagne soit rapidement exécuté et largement diffusé en tant que symbole de la nouvelle union franco-espagnole. Dans ce cadre, il n'est pas surprenant que Philippe se soit d'abord tourné vers son peintre de cour Antonis Mor pour une commande aussi importante. Le Hollandais était revenu en Espagne en 1559, en accompagnant probablement Philippe depuis les Pays-Bas. Van der Straeten, qui a peut-être effectué une partie de sa formation auprès de Mor, est également présent en Espagne en 1559, année durant laquelle il reçoit une commande pour l'église de Santiago de Cáceres. Il est ainsi logique qu'il ait été chargé d'exécuter d'autres versions du portrait d'Élisabeth après le départ de Mor d'Espagne, en 1561. Il devient alors l'un des peintres officiels de la reine entre 1560 et 1571 sous le nom de Jorge de la Rua, avant de partir en France pour travailler comme peintre d'une autre Élisabeth, reine de France (1554-1592), épouse de Charles IX de France (1550-1574), et belle-sœur de la reine d'Espagne.
On connaît six versions de ce portrait : le portrait original de Mor (qui, contrairement aux autres versions, est exécuté sur panneau ; collection Várez Fisa, Espagne), une autre version donnée à Mor vendue chez Christie's en 1994 (8 juillet 1994, lot 54), une version d'Alonso Sánchez Coello (1531-1588) qui se trouvait également dans la collection Várez Fisa, et trois autres tableaux qui sont moins faciles à distinguer des productions d'atelier. En outre, une version en pied se trouve dans une collection particulière américaine, et il existe un certain nombre de versions en buste, notamment celle du Louvre (no. inv. 1721/ MR 929). Ce portrait a également inspiré d'autres artistes en dehors du cercle de Mor : Pieter Paul Rubens (1577-1640) en a fait une esquisse en 1609 (voir L. Burchard, Corpus Rubenianum, XXIV, fig. 168) et, plus tard, Edgar Degas (1834-1917) a exécuté une délicate esquisse à la pierre noire de son visage, aujourd'hui conservée au Fitzwilliam Museum, Cambridge (no. inv. PD.22-1978).
Elisa Bermejo Martinez, dans sa notice de catalogue sur le tableau de Mor (E. Bermejo, in S. Breuer-Hermann et al., Alonso Sánchez Coello y el Retrato en la Corte de Felipe II, [cat. exp.], Madrid, 1990, p. 131), émet l'hypothèse que la reine pourrait être représentée dans le costume qu'elle portait lors de son mariage. Bien que cela ne puisse être prouvé, le charmant Mémoire de ce qu'il faut pour Madame (MS. de IMP. no. 8638, fol. 55. Collection de Documents Inédits) décrit le trousseau d'Élisabeth en détail : celui-ci comprend une robe cramoisie généreusement brodée au fil d'or, dans laquelle il est très tentant de voir la robe du présent portrait. Au regard de la minutie avec laquelle le costume est rendu dans le tableau de Mor, il est probable que la jeune reine ait prêté ses bijoux et ses vêtements au peintre afin de lui permettre de travailler en son absence.
Fille d'Henri II de France (1519-1559) et de son épouse Catherine de Médicis (1519-1589), Élisabeth fût, comme toutes les femmes de sang royal de son époque, un pion sur l'échiquier politique européen. Alors qu'Élisabeth n'a que quatre ans, Henri II entame des discussions avec les ambassadeurs anglais afin d'organiser un mariage entre elle et le jeune roi protestant Édouard VI d'Angleterre (1537-1553). La mort d'Édouard en 1553, à l'âge de seize ans, met cependant un terme à cette union controversée. Ce n'est qu'en 1558, lors des négociations du traité du Cateau-Cambrésis, qu'un nouvel époux est proposé à la jeune princesse. Cet accord, signé par les deux parties en 1559, met fin à la onzième guerre d'Italie, qui opposait alors la France, l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique pour le contrôle de divers territoires de la péninsule italienne, notamment le duché de Milan. Lors des négociations initiales, Élisabeth avait été offerte en mariage à Don Carlos, prince des Asturies (1545-1568), héritier du trône d'Espagne. Cependant, la mort en novembre 1558 de Marie Tudor (1516-1558), seconde épouse de Philippe II, changea la donne et la main de la princesse française fut donnée au roi d'Espagne lui-même en signe de paix entre les deux États historiquement belligérants. C'est pour cette raison qu' Élisabeth de Valois est connue en Espagne sous le nom d'Isabel de La Paz, Élisabeth de la Paix.
D'un point de vue diplomatique, il aurait été très important qu'un portrait de la nouvelle reine d'Espagne soit rapidement exécuté et largement diffusé en tant que symbole de la nouvelle union franco-espagnole. Dans ce cadre, il n'est pas surprenant que Philippe se soit d'abord tourné vers son peintre de cour Antonis Mor pour une commande aussi importante. Le Hollandais était revenu en Espagne en 1559, en accompagnant probablement Philippe depuis les Pays-Bas. Van der Straeten, qui a peut-être effectué une partie de sa formation auprès de Mor, est également présent en Espagne en 1559, année durant laquelle il reçoit une commande pour l'église de Santiago de Cáceres. Il est ainsi logique qu'il ait été chargé d'exécuter d'autres versions du portrait d'Élisabeth après le départ de Mor d'Espagne, en 1561. Il devient alors l'un des peintres officiels de la reine entre 1560 et 1571 sous le nom de Jorge de la Rua, avant de partir en France pour travailler comme peintre d'une autre Élisabeth, reine de France (1554-1592), épouse de Charles IX de France (1550-1574), et belle-sœur de la reine d'Espagne.
On connaît six versions de ce portrait : le portrait original de Mor (qui, contrairement aux autres versions, est exécuté sur panneau ; collection Várez Fisa, Espagne), une autre version donnée à Mor vendue chez Christie's en 1994 (8 juillet 1994, lot 54), une version d'Alonso Sánchez Coello (1531-1588) qui se trouvait également dans la collection Várez Fisa, et trois autres tableaux qui sont moins faciles à distinguer des productions d'atelier. En outre, une version en pied se trouve dans une collection particulière américaine, et il existe un certain nombre de versions en buste, notamment celle du Louvre (no. inv. 1721/ MR 929). Ce portrait a également inspiré d'autres artistes en dehors du cercle de Mor : Pieter Paul Rubens (1577-1640) en a fait une esquisse en 1609 (voir L. Burchard, Corpus Rubenianum, XXIV, fig. 168) et, plus tard, Edgar Degas (1834-1917) a exécuté une délicate esquisse à la pierre noire de son visage, aujourd'hui conservée au Fitzwilliam Museum, Cambridge (no. inv. PD.22-1978).