拍品专文
L’intérêt de Rosa Bonheur pour les bisons remonte aux deux dernières décennies de sa carrière, alors que l’artiste ne s’est jamais rendue aux États-Unis mais tandis que sa popularité y est déjà grandissante auprès des marchands et des journalistes américains. En 1889, lors de sa visite à l’Exposition Universelle de Paris, elle fait la connaissance de William F. Cody (1846-1917), dit Buffalo Bill. Ce dernier présente pendant sept mois un spectacle payant plus vrai que nature dans la plaine de Neuilly à l’extérieur de Paris, intitulé Wild West Show, mettant en scène de véritables cow-boys, des indiens et des animaux sauvages, dont des bisons, destinés à illustrer de manière fantaisiste les luttes entres les indiens d’Amérique et les colons blancs (Rosa Bonheur (1822-1899), cat. exp., Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, Barbizon, Musée de l’École de Barbizon, et New York, Dahesh Museum, 1997-1998, p. 72). Déjà populaire en Amérique, ce spectacle vient alimenter l’imaginaire et la fascination des européens pour l’expansion de l’Ouest américain. Ce spectacle attire de nombreux artistes français, dont Paul Gauguin et Rosa Bonheur (E. C. Burns, ‘Les artistes français et les Amérindiens à la fin du XIXe siècle’, dans Le Scalp et le Calumet : imaginer et représenter l’Indien en Occident du XVIe siècle à nos jours, cat. exp., La Rochelle, musées d’Art et d’histoire, 2017, pp. 158-169).
En septembre 1889, Rosa Bonheur profite de l’occasion pour visiter les campements de natifs amérindiens de la troupe et partager des repas avec les chefs indiens. Elle réalise de nombreux dessins et esquisses des bisons vivants et des peaux rouges. Elle peint également un portrait équestre de Buffalo Bill, aujourd’hui conservé au Buffalo Bill Center of the West (inv. Coe. 8.66). Au-delà des œuvres réalisées sur place, la présence de Rosa Bonheur est attestée par une photographie : l’artiste, assise au centre, est entourée de Buffalo Bill et d’acteurs du Wild West Show (fig. 1 ; voir S. Buratti-Hasan et L. Jarbouai, Rosa Bonheur (1822-1899), cat. exp., Bordeaux, Musée des Beaux-Arts, et Paris, Musée d’Orsay, 2022-2023, pp. 224-225).
Parmi les œuvres de Rosa Bonheur inspirées de l’ouest américain, la série des bisons témoigne de sa fascination pour cet animal. Les études de 1889 montrent son désir d’étudier le modèle vivant : Étude de bisons (By-Thomery, Château de Rosa Bonheur, inv. SE-07) et Troupeau de bisons (By-Thomery, Château de Rosa Bonheur, inv. MDPB 2020.1.85). Elle demande également des informations et des croquis de bisons au peintre américain Albert Bierstadt, présent à Paris en 1889 (A. Klumpke, Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, Paris, 1908, p. 46). Afin de représenter au mieux la végétation de l’ouest, elle se procure du buchloé faux-dactyle, ‘l’herbe aux bisons’, auprès de son amie et artiste américaine Anna Klumpke qui participe également à nourrir l’artiste dans son attrait pour l’ouest américain (Klumpke, ibid., p. 15-26).
L’ensemble de ses recherches aboutissent à deux œuvres majeures de la toute fin de sa carrière : la présente étude au pastel représentant quelques bisons dans une plaine enneigé, et un tableau peint sur toile de même sujet où le troupeau de bisons est beaucoup plus important et occupe toute la surface de la composition (fig. 2 ; localisation inconnue ; vente Cœur d’Alene Art Auction, Hayden, Idaho (États-Unis), 27 juillet 2019, lot 248). Annie-Paule Quinsac, la spécialiste de l'artiste, pense d'ailleurs que le présent pastel sera un riccordo de ce tableau plutôt qu'une étude préparatoire et que la signature et la datation seraient probablement apocryphes. Elle relève également la rareté de ce pastel: ‘une exception pour sa taille dans le corpus de Bonheur’ (communication écrite du 15 février 2024).
Conclusion d’un long processus d’élaboration, L’Émigration des bisons est le symbole d’une Amérique libre. Rosa Bonheur représente la libération des bisons de leur ranch afin de retrouver leur habitat naturel des Grandes Plaines, considéré comme une terre sacrée. Elle refusait de voir la nature abimée ou transformée par la modernisation et concentrait toute son attention sur les animaux et les peuples dont elle redoutait l’extinction par le changement.
Ce pastel, resté dans la même famille depuis probablement son achat du temps de Rosa Bonheur a appartenu à Emile-Jean-Albert Soubies (1846-1918), avocat et critique musical et auteur de nombreux livres sur l’histoire de la musique et du théâtre à la fin du XIXe siècle. Il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1893, soit quelques années avant la réalisation de ce pastel par Rosa Bonheur.
Fig. 1. Auteur inconnu, Rosa Bonheur avec Buffalo Bill au Wild West Show. Photographie.
Fig. 2. Rosa Bonheur, Émigration des bisons. Localisation inconnue.
En septembre 1889, Rosa Bonheur profite de l’occasion pour visiter les campements de natifs amérindiens de la troupe et partager des repas avec les chefs indiens. Elle réalise de nombreux dessins et esquisses des bisons vivants et des peaux rouges. Elle peint également un portrait équestre de Buffalo Bill, aujourd’hui conservé au Buffalo Bill Center of the West (inv. Coe. 8.66). Au-delà des œuvres réalisées sur place, la présence de Rosa Bonheur est attestée par une photographie : l’artiste, assise au centre, est entourée de Buffalo Bill et d’acteurs du Wild West Show (fig. 1 ; voir S. Buratti-Hasan et L. Jarbouai, Rosa Bonheur (1822-1899), cat. exp., Bordeaux, Musée des Beaux-Arts, et Paris, Musée d’Orsay, 2022-2023, pp. 224-225).
Parmi les œuvres de Rosa Bonheur inspirées de l’ouest américain, la série des bisons témoigne de sa fascination pour cet animal. Les études de 1889 montrent son désir d’étudier le modèle vivant : Étude de bisons (By-Thomery, Château de Rosa Bonheur, inv. SE-07) et Troupeau de bisons (By-Thomery, Château de Rosa Bonheur, inv. MDPB 2020.1.85). Elle demande également des informations et des croquis de bisons au peintre américain Albert Bierstadt, présent à Paris en 1889 (A. Klumpke, Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, Paris, 1908, p. 46). Afin de représenter au mieux la végétation de l’ouest, elle se procure du buchloé faux-dactyle, ‘l’herbe aux bisons’, auprès de son amie et artiste américaine Anna Klumpke qui participe également à nourrir l’artiste dans son attrait pour l’ouest américain (Klumpke, ibid., p. 15-26).
L’ensemble de ses recherches aboutissent à deux œuvres majeures de la toute fin de sa carrière : la présente étude au pastel représentant quelques bisons dans une plaine enneigé, et un tableau peint sur toile de même sujet où le troupeau de bisons est beaucoup plus important et occupe toute la surface de la composition (fig. 2 ; localisation inconnue ; vente Cœur d’Alene Art Auction, Hayden, Idaho (États-Unis), 27 juillet 2019, lot 248). Annie-Paule Quinsac, la spécialiste de l'artiste, pense d'ailleurs que le présent pastel sera un riccordo de ce tableau plutôt qu'une étude préparatoire et que la signature et la datation seraient probablement apocryphes. Elle relève également la rareté de ce pastel: ‘une exception pour sa taille dans le corpus de Bonheur’ (communication écrite du 15 février 2024).
Conclusion d’un long processus d’élaboration, L’Émigration des bisons est le symbole d’une Amérique libre. Rosa Bonheur représente la libération des bisons de leur ranch afin de retrouver leur habitat naturel des Grandes Plaines, considéré comme une terre sacrée. Elle refusait de voir la nature abimée ou transformée par la modernisation et concentrait toute son attention sur les animaux et les peuples dont elle redoutait l’extinction par le changement.
Ce pastel, resté dans la même famille depuis probablement son achat du temps de Rosa Bonheur a appartenu à Emile-Jean-Albert Soubies (1846-1918), avocat et critique musical et auteur de nombreux livres sur l’histoire de la musique et du théâtre à la fin du XIXe siècle. Il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1893, soit quelques années avant la réalisation de ce pastel par Rosa Bonheur.
Fig. 1. Auteur inconnu, Rosa Bonheur avec Buffalo Bill au Wild West Show. Photographie.
Fig. 2. Rosa Bonheur, Émigration des bisons. Localisation inconnue.