拍品专文
« Je ne me pose pas le problème, surtout maintenant, de savoir si ce que je fais est ou n’est pas de l’art ». - Alighiero Boetti"
"I don't ask myself any questions, especially now, whether what I do is art or not." - Alighiero Boetti
I quindici libri rossi – 111 (Les Quinze livres rouges – 111) d'Alighiero Boetti englobent l'ensemble de la vision foisonnante, kaléidoscopique et touche-à-tout de l'artiste. Ces quinze volumes de 111 pages chacun abordent pêle-mêle tout un éventail de thématiques sous forme de cartes du monde, photographies, coupures de journaux, croquis, portraits, lettres et autres documents divers et variés. Exécutée entre 1993 et 1994, cette étrange anthologie est l'une des dernières œuvres que signe Boetti au crépuscule de sa vie, et opère comme un condensé de son expression artistique et de ses sujets d'intérêt.
L'engouement de l'artiste pour les photocopieuses naît en 1969, lorsqu'il traverse Turin pour se rendre au magasin d'exposition Rank Xerox et y observer les machines de près. Aussitôt qu'il s'en procure une, il passe avec sa fille des heures à photocopier tout et n'importe quoi, repoussant les limites de son nouvel outil à mesure qu'il tente de figer dans l'éternité du papier une multitude d'objets et de matériaux éphémères. En 1992, Boetti décide de rassembler des pages et des pages de ces
photocopies dans un ouvrage relié intitulé 111, qu'il s'empresse d'étoffer l'année suivante, jusqu'à obtenir les quinze recueils ici réunis. L'ensemble constitue un hommage saisissant à son insatiable curiosité et – à la lumière de son décès cette année-là – à Boetti lui-même.
Selon une approche indexicale, I quindici libri rossi – 111 mêlent différents systèmes visuels, linguistiques et diagrammatiques. L'extraordinaire exhaustivité de cette œuvre de Boetti refête toute l'ampleur de sa manière singulière d'appréhender le monde. Rien n'y est laissé au hasard ; même le choix des 111 pages n'est pas anodin, le numéro onze étant son nombre favori. Boetti estimait que le rôle de l'artiste était de créer une unité entre des éléments incongrus, aussi disparates soient-ils – une notion qu'il synthétise parfaitement au travers de son célèbre axiome « ordine e disordine » (« ordre et désordre »). Ici, cette dualité est immédiatement palpable : nettes, propres, les couvertures trompeuses des quinze tomes ne laissent en rien deviner la diversité du contenu que renferment leurs pages. Le désordre qui règne dans les ouvrages vient déféré, de surcroît, le principe même du livre. La lisibilité, semble nous dire Boetti, peut se présenter sous d'innombrables formes et au mépris de toute hiérarchie. À la fois autobiographiques et mystérieux, académiques et fantasques, I quindici libri rossi – 111 saisissent le feux indomptable, protéiforme de la vie, qui irrigue l'ensemble de l'art de Boetti. « La joie la plus grande sur Terre, explique-t-il, consiste à s'inventer le monde tel qu'il est sans rien inventer au passage » (A. Boetti, in Alighiero Boetti, cat. exp., Museum für Moderne Kunst, Frankfurt Am Main, 1998, p. 297).
Alighiero Boetti’s I quindici libri rossi – 111 (The Fifteen Red Books – 111) encompasses the artist’s far-reaching, inquisitive and global vision. Comprising fifteen volumes, each 111 pages long, the contents of the tomes are wide-ranging and varied, containing maps, photographs, news clippings, sketches, portraits, letters and research material. Executed between 1993 and 1994, I quindici libri rossi – 111 was one of Boetti’s last works and functions as a summation of his interests and aesthetics. He had first taken an interest in photocopiers in 1969, travelling to the Rank Xerox showroom on the other side of Turin to see the machines first-hand. As soon as he was able to acquire one for himself, he spent hours with his young daughter attempting to photocopy everything and anything, pushing the boundaries of the medium as he attempted to capture a range of objects and ephemeral materials. In 1992, the artist bound together his reams of photocopied pages in a book titled 111, expanding it the following year to encompass the fifteen volumes seen here. The work pays homage to his enduring curiosity and—in light of his death that same year—to the artist himself.
Taking an indexical approach, I quindici libri rossi – 111 merges visual, linguistical and diagrammatic systems. Expansive in outlook, these books reflect the full gamut of Boetti’s world view; even the choice of 111 pages was significant, as eleven was the artist’s favourite number. However disparate the material, Boetti believed that it was the artist’s job to unite the incongruent, an notion encapsulated by his axiom ‘ordine e disordine’ (‘order and disorder’). This duality is clearly embodied in I quindici libri rossi – 111, whose neat bindings and crisp covers belie the range of material within. Moreover, the disorder ultimately poses a challenge to the very idea of a book itself. Legibility, Boetti seems to say, comes in many forms and has no need for hierarchy. At once autobiographical and mysterious, academic and capricious, I quindici libri rossi – 111 captures the flux of human existence that lay at the heart of his practice. As the artist explained, "The greatest joy on earth consists in inventing the world the way it is without inventing anything in the process" (A. Boetti, quoted in Alighiero Boetti, exh. cat. Museum für Moderne Kunst, Frankfurt Am Main 1998 p. 297).
"I don't ask myself any questions, especially now, whether what I do is art or not." - Alighiero Boetti
I quindici libri rossi – 111 (Les Quinze livres rouges – 111) d'Alighiero Boetti englobent l'ensemble de la vision foisonnante, kaléidoscopique et touche-à-tout de l'artiste. Ces quinze volumes de 111 pages chacun abordent pêle-mêle tout un éventail de thématiques sous forme de cartes du monde, photographies, coupures de journaux, croquis, portraits, lettres et autres documents divers et variés. Exécutée entre 1993 et 1994, cette étrange anthologie est l'une des dernières œuvres que signe Boetti au crépuscule de sa vie, et opère comme un condensé de son expression artistique et de ses sujets d'intérêt.
L'engouement de l'artiste pour les photocopieuses naît en 1969, lorsqu'il traverse Turin pour se rendre au magasin d'exposition Rank Xerox et y observer les machines de près. Aussitôt qu'il s'en procure une, il passe avec sa fille des heures à photocopier tout et n'importe quoi, repoussant les limites de son nouvel outil à mesure qu'il tente de figer dans l'éternité du papier une multitude d'objets et de matériaux éphémères. En 1992, Boetti décide de rassembler des pages et des pages de ces
photocopies dans un ouvrage relié intitulé 111, qu'il s'empresse d'étoffer l'année suivante, jusqu'à obtenir les quinze recueils ici réunis. L'ensemble constitue un hommage saisissant à son insatiable curiosité et – à la lumière de son décès cette année-là – à Boetti lui-même.
Selon une approche indexicale, I quindici libri rossi – 111 mêlent différents systèmes visuels, linguistiques et diagrammatiques. L'extraordinaire exhaustivité de cette œuvre de Boetti refête toute l'ampleur de sa manière singulière d'appréhender le monde. Rien n'y est laissé au hasard ; même le choix des 111 pages n'est pas anodin, le numéro onze étant son nombre favori. Boetti estimait que le rôle de l'artiste était de créer une unité entre des éléments incongrus, aussi disparates soient-ils – une notion qu'il synthétise parfaitement au travers de son célèbre axiome « ordine e disordine » (« ordre et désordre »). Ici, cette dualité est immédiatement palpable : nettes, propres, les couvertures trompeuses des quinze tomes ne laissent en rien deviner la diversité du contenu que renferment leurs pages. Le désordre qui règne dans les ouvrages vient déféré, de surcroît, le principe même du livre. La lisibilité, semble nous dire Boetti, peut se présenter sous d'innombrables formes et au mépris de toute hiérarchie. À la fois autobiographiques et mystérieux, académiques et fantasques, I quindici libri rossi – 111 saisissent le feux indomptable, protéiforme de la vie, qui irrigue l'ensemble de l'art de Boetti. « La joie la plus grande sur Terre, explique-t-il, consiste à s'inventer le monde tel qu'il est sans rien inventer au passage » (A. Boetti, in Alighiero Boetti, cat. exp., Museum für Moderne Kunst, Frankfurt Am Main, 1998, p. 297).
Alighiero Boetti’s I quindici libri rossi – 111 (The Fifteen Red Books – 111) encompasses the artist’s far-reaching, inquisitive and global vision. Comprising fifteen volumes, each 111 pages long, the contents of the tomes are wide-ranging and varied, containing maps, photographs, news clippings, sketches, portraits, letters and research material. Executed between 1993 and 1994, I quindici libri rossi – 111 was one of Boetti’s last works and functions as a summation of his interests and aesthetics. He had first taken an interest in photocopiers in 1969, travelling to the Rank Xerox showroom on the other side of Turin to see the machines first-hand. As soon as he was able to acquire one for himself, he spent hours with his young daughter attempting to photocopy everything and anything, pushing the boundaries of the medium as he attempted to capture a range of objects and ephemeral materials. In 1992, the artist bound together his reams of photocopied pages in a book titled 111, expanding it the following year to encompass the fifteen volumes seen here. The work pays homage to his enduring curiosity and—in light of his death that same year—to the artist himself.
Taking an indexical approach, I quindici libri rossi – 111 merges visual, linguistical and diagrammatic systems. Expansive in outlook, these books reflect the full gamut of Boetti’s world view; even the choice of 111 pages was significant, as eleven was the artist’s favourite number. However disparate the material, Boetti believed that it was the artist’s job to unite the incongruent, an notion encapsulated by his axiom ‘ordine e disordine’ (‘order and disorder’). This duality is clearly embodied in I quindici libri rossi – 111, whose neat bindings and crisp covers belie the range of material within. Moreover, the disorder ultimately poses a challenge to the very idea of a book itself. Legibility, Boetti seems to say, comes in many forms and has no need for hierarchy. At once autobiographical and mysterious, academic and capricious, I quindici libri rossi – 111 captures the flux of human existence that lay at the heart of his practice. As the artist explained, "The greatest joy on earth consists in inventing the world the way it is without inventing anything in the process" (A. Boetti, quoted in Alighiero Boetti, exh. cat. Museum für Moderne Kunst, Frankfurt Am Main 1998 p. 297).