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Chaîne d'amitié est une oeuvre de 1945, l'année de la Libération et l'une des périodes les plus fécondes dans l'histoire et le parcours de Victor Brauner, ce surréaliste roumain dont les images exclusives de sa propre mythologie ont captivé tant d'esprits, à commencer par André Breton. Brauner était déjà familier du surréalisme qu'il avait découvert à Bucarest avant sa venue à Paris où il fut propulsé au centre du groupe surréaliste par l'entremise d'Yves Tanguy. Brauner puise dans ses racines roumaines, y ajoutant son panthéon personnel idiosyncratique et son lexique visuel unique pour créer des images frappantes de figures occultes déifiées et dotées d'attributs et de pouvoirs inconnus, comme cela apparat clairement dans Chane d'amitié. Là, debout sur un serpent plate-forme placé au-dessus de la tête en croissant qui monopolise tant de surface, avec son il à pyramide inversée et son menton allongé, Brauner a peint deux personnages plus petits, apparemment une femme et un homme. De la sorte, il introduit certains des aspects fondamentaux et universels de l'existence humaine, rendant hommage aux différences entre les sexes et peut-être à sa propre union avec sa femme, Jacqueline, qu'il avait rencontrée avant la Deuxième Guerre mondiale.
Brauner a dû achever cette oeuvre en juin 1945, juste après la fin des hostilités en Europe. Cette oeuvre mêle la cire et la peinture dans une technique à laquelle Brauner s'était initiée pendant les années de guerre alors qu'il se cachait et était dans l'incapacité de partir aux États-Unis comme nombre de ses contemporains. Brauner, artiste avant-gardiste, juif, et issu d'un des pays alliés à l'Allemagne, se trouvait dans la précarité à cette époque. Avant la Libération, caché dans les Hautes-Alpes, il ne disposait que de peu de matériaux. C'est en partie pour cette raison que vers 1943 il commena à utiliser dans ses uvres de la cire à bougie, et, par la suite, de la cire d'abeille. Cela lui permit de pallier la pénurie de matériaux de peinture et d'ajouter une texture nouvelle à ses réalisations où se remarquent souvent des incisions à la surface, révélatrices d'effets qui, à certains égards, ne sont pas sans évoquer ceux de Jean Dubuffet.
En termes de contenu et de facture, les images de Brauner renferment une force prodigieuse, un sens mythique et mystique, que ce visage de profil et dominant de Chaîne d'amitié révèle à merveille. A l'image de ces cartes de tarot faites à la main, la tête que Brauner a peinte ici de profil, rappelle les formes et les pictogrammes de l'art dit "primitif", en ajoutant à l'image un élément de pouvoir folklorique. En évitant délibérément ici l'illusion de la perspective, avec ce visage et ses diverses composantes dessinées sous la forme d'un signe, la cire ajoute une dimension originale au traitement, une qualité tactile, propulsant au premier plan les hachures énergiques du visage et conférant à ce tableau une qualité tactile. De même, en combinant toute la palette sépia que Brauner avait adoptée, il donne la sensation qu'il s'agit d'un totem intemporel. Le recours à la cire de bougie apporte enfin un élément de rituel à son processus créatif.
Chaîne d'amitié dates from 1945, from the time of the libration, one of the most productive and historical moments in the career of Victor Brauner, the Romanian-born Surrealist whose distinctive images of his own personal mythology captivated so many people, not least Andr Breton. Brauner had already been involved with Surrealism in Bucharest before moving to Paris; there, he had been propelled to the centre of the Surreal group through his introduction by Yves Tanguy. Brauner embraced his Romanian roots as well as his unique and idiosyncratic personal pantheon and visual lexicon to create striking images of occult, god-like figures with their own attributes and unknowable powers, as is clear in Chane d'amiti. Here, standing on the serpent platform which has been placed upon the cresent-like head that engulfs so much of the surface, with its inverted pyramid of an eye and its elongated chin, Brauner has painted two smaller figures, one that appears to be female while the other may be male. In this way, he has tapped into some of the fundamental, universal aspects of human existence, paying homage to the differences between the genders and perhaps to his own union with his wife, Jacqueline, whom he had met just before the Second World War.
Brauner appears to have completed this picture in June 1945, just after the end of hostilities in Europe following the Second World War. This picture uses wax as well as paint, in a technique that Brauner had pioneered during the war years, when he was essentially in hiding and had been unable to secure passage to the United States of America, like so many of his contemporaries. Brauner, an avant garde artist, Jewish, and from one of the countries allied with Germany, was in a precarious position during this time. In the period before the libration, Brauner had been essentially in hiding in the Hautes-Alpes, and had access to few materials.
It was in part because of this that around 1943 he began to use candle wax in his pictures, later also adapting beeswax to his purposes. This allowed him to bypass the shortage of painting materials while adding a new level of texture to the works, often incising the surfaces, creating an effect that in some ways resembles those adopted by Jean Dubuffet. Brauner's pictures, in terms of content and execution, also retain an incredibly potent, sense of myth and mysticism, perfectly encapsulated in the profile head which dominates the composition of Chane d'amiti. Like some hand-made tarot figure, the head that Brauner has painted in this picture is shown in profile, also recalling ancient and so-called 'primitive' artforms and pictographs, adding an element of folkloric power to the image.
While there is a deliberate avoidance of illusionistic perspective in this picture, with the face and its various appendages shown as a form of sign, the wax adds another dimension to its treatment, adding a tactile quality, thrusting Brauner's own vigorous hatching of the face to the fore and also lending this picture a tactile quality. Similarly, through its combination with the almost sepia palette that Brauner has adopted, it creates the sense that this is a timeless, ancient totem. At the same time, the use of candles may have added a ritualistic element to the creative process itself.