拍品专文
Renaud abandonnant Armide n’a jamais été présenté en vente aux enchères depuis plus de 250 ans, précisément depuis le 27 mars 1753, date de la vente après-décès de l’artiste. A la fin du XIXe siècle, le tableau fut acquis par la famille Rothschild et resta dans la prestigieuse famille de collectionneurs jusqu’à nos jours.
Coypel, issu d’une illustre famille de peintres, se révèle dès le plus jeune âge extrêmement brillant, tant par son talent d'artiste que par son habileté politique et stratégique pour accéder rapidement aux plus hauts postes de l’administration artistique. Ainsi, devient-il membre de l’Académie de peinture et de sculpture en 1715 (à seulement 21 ans) et Garde des tableaux et dessins de la couronne dès 1722 (à 28 ans).
Fièrement signé, notre tableau fut présenté au Salon de 1725. Le jeune artiste souhaite par son intermédiaire montrer sa virtuosité et sa capacité à rivaliser avec ses aînés et grands rivaux à l’instar de Jean François de Troy (1679-1752) ou encore de François Lemoyne (1688-1737). Il désire donner un nouveau regard, une dynamique personnelle dans le grand retour du genre de la peinture d’Histoire. Le tableau ci-présent est ainsi une œuvre importante par laquelle le jeune artiste, fort de ses succès, souhaite s’affirmer comme le maître incontournable qu’il sera dans les décennies à venir, jusqu’à devenir le premier peintre du roi Louis XV (1710-1774) en 1747. Cette composition fut gravée par François Joullain (1697-1778) (fig. 1) et il existe très vraisemblablement une autre version peinte de plus petit format figurant dans plusieurs ventes du XVIIIe siècle.
La scène Renaud abandonnant Armide est tirée de la Jérusalem délivrée du Tasse (1544-1595). Armide, magicienne sarrasine, essaie de tuer le croisé Renaud, qu’elle a endormi dans un sommeil profond. Or, au moment de le frapper avec sa dague, Cupidon transforme sa haine en amour. Armide décide ainsi de transporter le héros endormi vers son île enchantée. Renaud y demeure ensorcelé jusqu’à ce que ses amis Carlo et Ubaldo viennent le libérer, moment choisi par Coypel comme sujet de son tableau. L’épopée du Tasse a inspiré maints artistes à travers les siècles mais il est rare de trouver une représentation de la fin de l'histoire.
Plus précisément encore, Coypel s’inspire du livret d’opéra Armide écrit par Philippe Quinault (1635-1688) et mis en musique par Jean-Baptiste Lully (1632-1687) présenté pour la première fois en 1686. Le livret raconte le passage choisi par Coypel, quand Armide, envahie par la tristesse que lui inflige le départ de Renaud, s’évanouit (Acte V scène IV). Coypel joue de la gestuelle propre au théâtre pour chorégraphier sa composition et lui conférer son intensité dramatique. La puissante composition triangulaire offre un véritable charisme à l’œuvre et contribue aussi au goût théâtral. Les costumes baroques, chatoyants s’ajoutent à la palette scintillante du peintre.
Renaud abandonnant Armide est la quintessence de l’Art de Charles-Antoine Coypel (1694-1752) et la parfaite illustration des propos de Pierre Rosenberg dans la préface de la monographie publiée chez Arthena par Thierry Lefrançois en 1994 :
‘Il y eut un style Boucher. Il y a également un style Coypel. Coypel aimait peindre le théâtre […] Il crut avec persévérance (comme Füssli un demi-siècle plus tard) que peindre le théâtre serait peindre la vie. Il pensa actualiser l’Ut pictura poesis en remplaçant le mot poésie par Théâtre’.
Note sur la provenance de l’œuvre :
Sans conteste une œuvre clé dans la carrière de Coypel, le tableau est resté dans la collection du peintre, et nous le retrouvons dans la vente après-décès du maître. Dès la fin du XIXe siècle l’œuvre se trouve au sein de la prestigieuse collection de la famille Rothschild. Plus particulièrement, il est hérité par le jeune Élie de Rothschild (1917-2007) qui va, non seulement hériter d’une prodigieuse collection provenant de ses grands-parents et arrières grands-parents, le baron Gustave (1829-1911) et le baron James (1792-1868), fondateur de la branche française de la famille, mais également l’agrandir et la présenter avec le sens de l’esthétique si caractéristique du ‘Goût Rothschild’. En 1955, il fait l’acquisition de l’hôtel particulier du comte Étienne de Beaumont (1883-1956), rue Masseran à Paris. La collection y trouvera son écrin idéal. Ainsi, meubles raffinés du XVIIIe et collections de camés et d’émaux côtoieront avec panache notre Renaud abandonnant Armide qui jouxtera dans le Salon Vert l’un des chefs d’œuvres de la peinture hollandaise du XVIIe siècle : Le porte-étendard de Rembrandt (1606-1669) (fig. 2), actuellement exposé au Rijksmuseum.
Coypel, issu d’une illustre famille de peintres, se révèle dès le plus jeune âge extrêmement brillant, tant par son talent d'artiste que par son habileté politique et stratégique pour accéder rapidement aux plus hauts postes de l’administration artistique. Ainsi, devient-il membre de l’Académie de peinture et de sculpture en 1715 (à seulement 21 ans) et Garde des tableaux et dessins de la couronne dès 1722 (à 28 ans).
Fièrement signé, notre tableau fut présenté au Salon de 1725. Le jeune artiste souhaite par son intermédiaire montrer sa virtuosité et sa capacité à rivaliser avec ses aînés et grands rivaux à l’instar de Jean François de Troy (1679-1752) ou encore de François Lemoyne (1688-1737). Il désire donner un nouveau regard, une dynamique personnelle dans le grand retour du genre de la peinture d’Histoire. Le tableau ci-présent est ainsi une œuvre importante par laquelle le jeune artiste, fort de ses succès, souhaite s’affirmer comme le maître incontournable qu’il sera dans les décennies à venir, jusqu’à devenir le premier peintre du roi Louis XV (1710-1774) en 1747. Cette composition fut gravée par François Joullain (1697-1778) (fig. 1) et il existe très vraisemblablement une autre version peinte de plus petit format figurant dans plusieurs ventes du XVIIIe siècle.
La scène Renaud abandonnant Armide est tirée de la Jérusalem délivrée du Tasse (1544-1595). Armide, magicienne sarrasine, essaie de tuer le croisé Renaud, qu’elle a endormi dans un sommeil profond. Or, au moment de le frapper avec sa dague, Cupidon transforme sa haine en amour. Armide décide ainsi de transporter le héros endormi vers son île enchantée. Renaud y demeure ensorcelé jusqu’à ce que ses amis Carlo et Ubaldo viennent le libérer, moment choisi par Coypel comme sujet de son tableau. L’épopée du Tasse a inspiré maints artistes à travers les siècles mais il est rare de trouver une représentation de la fin de l'histoire.
Plus précisément encore, Coypel s’inspire du livret d’opéra Armide écrit par Philippe Quinault (1635-1688) et mis en musique par Jean-Baptiste Lully (1632-1687) présenté pour la première fois en 1686. Le livret raconte le passage choisi par Coypel, quand Armide, envahie par la tristesse que lui inflige le départ de Renaud, s’évanouit (Acte V scène IV). Coypel joue de la gestuelle propre au théâtre pour chorégraphier sa composition et lui conférer son intensité dramatique. La puissante composition triangulaire offre un véritable charisme à l’œuvre et contribue aussi au goût théâtral. Les costumes baroques, chatoyants s’ajoutent à la palette scintillante du peintre.
Renaud abandonnant Armide est la quintessence de l’Art de Charles-Antoine Coypel (1694-1752) et la parfaite illustration des propos de Pierre Rosenberg dans la préface de la monographie publiée chez Arthena par Thierry Lefrançois en 1994 :
‘Il y eut un style Boucher. Il y a également un style Coypel. Coypel aimait peindre le théâtre […] Il crut avec persévérance (comme Füssli un demi-siècle plus tard) que peindre le théâtre serait peindre la vie. Il pensa actualiser l’Ut pictura poesis en remplaçant le mot poésie par Théâtre’.
Note sur la provenance de l’œuvre :
Sans conteste une œuvre clé dans la carrière de Coypel, le tableau est resté dans la collection du peintre, et nous le retrouvons dans la vente après-décès du maître. Dès la fin du XIXe siècle l’œuvre se trouve au sein de la prestigieuse collection de la famille Rothschild. Plus particulièrement, il est hérité par le jeune Élie de Rothschild (1917-2007) qui va, non seulement hériter d’une prodigieuse collection provenant de ses grands-parents et arrières grands-parents, le baron Gustave (1829-1911) et le baron James (1792-1868), fondateur de la branche française de la famille, mais également l’agrandir et la présenter avec le sens de l’esthétique si caractéristique du ‘Goût Rothschild’. En 1955, il fait l’acquisition de l’hôtel particulier du comte Étienne de Beaumont (1883-1956), rue Masseran à Paris. La collection y trouvera son écrin idéal. Ainsi, meubles raffinés du XVIIIe et collections de camés et d’émaux côtoieront avec panache notre Renaud abandonnant Armide qui jouxtera dans le Salon Vert l’un des chefs d’œuvres de la peinture hollandaise du XVIIe siècle : Le porte-étendard de Rembrandt (1606-1669) (fig. 2), actuellement exposé au Rijksmuseum.