NOËL BELLEMARE (ANVERS ?, VERS 1495-1546 PARIS) ET FRANÇOIS CLOUET (TOURS, VERS 1515-1572 PARIS)
NOËL BELLEMARE (ANVERS ?, VERS 1495-1546 PARIS) ET FRANÇOIS CLOUET (TOURS, VERS 1515-1572 PARIS)
NOËL BELLEMARE (ANVERS ?, VERS 1495-1546 PARIS) ET FRANÇOIS CLOUET (TOURS, VERS 1515-1572 PARIS)
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NOËL BELLEMARE (ANVERS ?, VERS 1495-1546 PARIS) ET JEAN CLOUET (BRUXELLES 1480-1541 PARIS)

François Ier, entouré de sa cour, reçoit un ouvrage de son auteur

细节
NOËL BELLEMARE (ANVERS ?, VERS 1495-1546 PARIS) ET JEAN CLOUET (BRUXELLES 1480-1541 PARIS)
François Ier, entouré de sa cour, reçoit un ouvrage de son auteur
Gouache, rehaussé d’or sur vélin, une bande de papier vergé ajoutée le long du bord droit (2,3 cm.)
26,3 x 20,2 cm. (10 3⁄8 x 8 in.)
来源
Baron Alphonse de Rothschild (1827-1905), Paris ; son inventaire après décès, 16 octobre 1905, probablement p. 99 (‘Lit de Justice de François Premier (miniature) estimé la somme de cinq mille francs’) ; puis par descendance jusqu’au propriétaire actuel.
更多详情
NOËL BELLEMARE AND JEAN CLOUET, FRANCIS I RECEIVING A BOOK FROM ITS AUTHOR, BODYCOLOUR, HEIGHTENED WITH GOLD, ON VELLUM
拍场告示
Comme discuté dans le corps de texte de la notice, cette miniature est de Noël Bellemare et Jean Clouet (et non pas François Clouet comme mentionné dans la première ligne du catalogue imprimé).
As discussed in the catalogue note, this work is by Noël Bellemare and Jean Clouet (and not by François Clouet as mentioned on the first line of the printed catalogue).

拍品专文

En 1534, Antoine Macault, notaire et secrétaire du roi, reçoit le privilège d’imprimer sa traduction des Troys premiers livres d’histoire de Diodore sicilien. Imprimés l’année suivante chez Olivier Mallard, les ouvrages s’ouvrent sur une gravure sur bois représentant l’auteur en train de lire son œuvre à François Ier entouré de ses trois fils – François, Henri et Charles – et des membres les plus éminents de sa cour dont Anne de Montmorency, le cardinal de Lorraine, le cardinal Duprat et Guillaume Budé. Non signée, mais due certainement au ciseau de Geoffroy Tory, cette estampe reprend, en la simplifiant, l’enluminure qui orne l’exemplaire destiné au roi lui-même et conservé aujourd’hui au musée Condé à Chantilly, inv. Ms 721 (fig. 1). Placée au verso du premier feuillet, une riche architecture rehaussée d’or encadre l’intérieur de la chambre royale. Sous un dais fleurdelisé, François Ier est assis à une table recouverte de velours vert. Tous les autres personnages sont debout : son héritier à sa droite, ses deux autres fils, les courtisans auxquels s’est joint Claude d’Urfé, les magistrats reconnaissables à leurs barrettes noires, et, de dos, Macault et un huissier de la chambre. On reconnaît sans peine la main virtuose de Noël Bellemare, peintre et enlumineur parisien, mais les visages parfaitement ressemblants des sept protagonistes principaux sont à attribuer à Jean Clouet.

Inédite, la présente miniature ressemble beaucoup au frontispice des Troys premiers livres d’histoire. L’encadrement architecturé est plus développé, flanqué de deux pilastres qui combinent des colonnes composites et d’atlantes-fauves engainés et sans bras. En haut, deux angelots tiennent un cartouche portant une salamandre, emblème de François Ier. Comme toujours chez Bellemare qui apprécie tout particulièrement ces cadres ouvragés, le pilastre côté reliure est rogné pour mieux utiliser la surface de la feuille. Néanmoins, le tout forme un véritable cadre, sans lien spatial avec la scène elle-même comme c’est généralement le cas chez Bellemare.

Le sol de la chambre royale est en marbre et non plus en jonc tressé et elle est vue sous un angle différent : la fenêtre n’est plus à gauche, mais en face, permettant d’admirer ses verrières armoriées et son volet ouvragé. Ce détail n’est pas sans rappeler une autre enluminure semblable, due également à Bellemare et Clouet, qui ouvre les Œuvres de Cicéron et représente Montmorency au milieu des courtisans (Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale russe, ms. Fr.F.v.xv.3). François Ier est vu de trois-quarts. Comme dans le frontispice des Troys premiers livres d’histoire, il porte un vêtement qui rappelle celui rayé du grand portrait du Louvre par Jean Clouet : un pourpoint de drap d’or à large encolure orné de taillades, un collet ouvert sur la poitrine, une saie doublée de fourrures à manches bouffantes, une toque plate à aigrettes et long plumet. Cet habit au goût des années 1520 et largement démodé dans la décennie suivante, apparaît comme une prérogative du souverain : il est très souvent associé à François Ier jusqu’à sa mort en 1547 et dans les images posthumes. À l’inverse cependant de la traduction de Diodore de Sicile, le visage de François Ier est davantage marqué par l’âge et sa barbe est plus longue. Il s’agit d’une iconographie relativement fréquente, datant du milieu des années 1530 et connue par un dessin agrandi de l’atelier (musée Condé, inv. MN 2), une version plus tardive de la main de François Clouet (musée Condé, inv. MN 3) ou le portrait équestre du musée du Louvre (inv. MI 1092).

Devant le roi, un genou à terre et sa toque dans la main, se tient un homme d’une quarantaine d’années. Il tend au roi deux volumes reliés de maroquin rouge que le souverain accepte avec bienveillance. Les courtisans se massent de part et d’autre du trône avec l’huissier de chambre toujours de dos. Parmi les gentilshommes et les hommes de loi deux personnages se détachent. C’est tout d’abord un jeune homme de belle stature, vêtu de velours bleu et arborant le collier de l’Ordre de Saint-Michel. Contrairement à la galerie de portraits dans l’enluminure des Histoires, c’est le seul visage individualisé en plus de celui du roi. Ils partagent d’ailleurs le même traitement qui diffère du reste de l’œuvre et confirme l’intervention d’un portraitiste de métier, François Clouet plutôt que son père Jean. L’importance évidente du jeune homme, sa jeunesse, le collier de l’Ordre que seul l’héritier du trône pouvait recevoir aussi tôt, laissent peu de doute sur le fait qu’il faut y voir le Dauphin de France. Toutefois, il ne peut guère s’agir de François qui disparaît prématurément en 1536, puisque le collet boutonné à col montant ne commence à être porté que vers 1540. Ce serait donc ici le portrait de Henri de France, âgé d’une vingtaine d’années. Il faut cependant noter que, bien qu’il ne subsiste que peu de portraits du futur Henri II avant son avènement, son physique paraît assez éloigné. Le prince était brun aux yeux noirs et avait un visage long et un nez droit et pointu. Au contraire, la ressemblance avec Charles d’Orléans, fils cadet de François Ier, blond aux yeux bleus et nez fort et busqué, tel qu’il apparaît par exemple dans les dessins de François Clouet datant des années 1540 est frappante (musée Condé, inv. MN 13 et 17).

Le deuxième personnage d’importance est le cardinal qui semble faire le lien entre le monarque et l’homme agenouillé. Comme pour ce dernier, son visage n’est pas un véritable portrait, mais il pourrait s’agir de Hippolyte d’Este, cardinal de Ferrare, qui obtient la pourpre en 1538 et reçoit l’archevêché de Lyon l’année suivante. Il est en revanche plus difficile de proposer un nom pour le porteur de deux livres. L’unique certitude est qu’il n’est, contrairement à Antoine Macault, ni un homme d’église ni un juriste, puisque son habit est celui d’un bourgeois fortuné, voire d’un gentilhomme. La richesse de ses vêtements de soie noire et cramoisie est indéniable, mais la chaîne d’or autour de son cou semble dépourvue du médaillon de l’Ordre et sa toque est sans plumet, héritier des plumes sur les heaumes des chevaliers et dont privilège de la noblesse.

L’enluminure est donc un frontispice ou, plus exactement, le verso du premier feuillet d’un ouvrage de présentation destiné au roi François Ier. Il se composerait de deux volumes et son auteur serait un laïc sans titre universitaire. Le cardinal d’Este (si c’est bien lui) pourrait avoir été son protecteur à la cour. Quant à la date et une fois admis le caractère anachronique de la représentation du roi, certains détails semblent indiquer le début des années 1540, tels les vêtements du prince en bleu et de l’homme agenouillé ou la barbe bifide de celui-ci et d’un magistrat à côté du cardinal. En outre, si le jeune homme est bien Charles d’Orléans, il n’était admis dans l’Ordre qu’en 1545. Toutefois, certains portraits le montrent arborant le collier avant cette date. François Ier le destinait à gouverner le Milanais : sa présence au détriment du Dauphin pourrait s’expliquer si l’auteur des ouvrages offerts au roi était Italien.

Tout ceci amène à formuler une hypothèse. L’homme agenouillé, ne pourrait-il pas être Sebastiano Serlio, invité en France en 1541 comme ‘peintre et architecte du roi’ et qui a bâti l’hôtel du Grand Ferrare pour le cardinal d’Este à Fontainebleau ? Le visage de l’homme rappelle assez le portrait réalisé par Bernardino Licinio vers 1530 (Martin von Wagner Museum der Universität Würzburg). Les deux livres seraient alors le Premier livre d’architecture et le Second livre de perspective publiés à Paris en 1545 avec dédicace à François Ier. Quoi qu’il en soit, cette œuvre inédite est un apport inestimable au corpus, malheureusement trop maigre, d’enluminures à portraits de la Renaissance française réalisées en collaboration entre Noël Bellemare et les Clouet.

Nous remercions Alexandra Zvereva pour la rédaction de cette notice.

ENGLISH TRANSLATION:
In 1534, Antoine Macault, notary and secretary to the king, received the privilege of printing his translation of Diodorus Siculus’ Troys premiers livres d’histoire. Printed the following year by Olivier Mallard, the works open with a woodcut depicting the author reading his work to Francis I, surrounded by his three sons – François, Henri and Charles – and the most eminent members of his court, including Anne de Montmorency, the Cardinal of Lorraine, Cardinal Duprat and Guillaume Budé. Unsigned, but certainly the work of Geoffroy Tory, this print is a simplified version of the illumination in a manuscript intended for the king himself, now kept at Chantilly (ms. 721). Placed on the verso of the first leaf, a rich architecture enhanced with gold frames the interior of the royal bedroom. Under a fleur-de-lys canopy, Francis I is seated at a table covered in green velvet. All the other figures are standing: his heir on his right, and further his two other sons, the courtiers joined by Claude d’Urfé, magistrates, and, from behind, Macault and a baillif. The virtuoso hand of Parisian painter and illuminator Noël Bellemare is easily recognizable, but the perfectly resembling faces of the seven main protagonists are attributable to Jean Clouet.

The present miniature bears a striking resemblance to the frontispiece of Diodorus Siculus’ book. The architectural frame is more elaborate, flanked by two pilasters combining composite columns and armless, sheathed atlantes. At the top, two cherubs hold a cartouche bearing a salamander, the emblem of Francis I. As always with Bellemare, who is particularly fond of these elaborate frames, the pilaster on the binding side is trimmed to make better use of the sheet’s surface. Nevertheless, the whole forms a true frame, with no spatial connection to the scene itself.

The floor of the royal chamber is marble instead of woven rush, and it is viewed from a different angle: the window is no longer on the left, but in the back, allowing us to admire its armorial glass and ornate shutter. This detail is reminiscent of a similar illumination, also by Bellemare and Clouet, which opens the works of Cicero and depicts Montmorency among courtiers (Saint Petersburg, Russian National Library, ms. Fr.F.v.xv.3). To the right of the window is a cabinet, covered in cloth and topped with deer antlers. The pedimented doorway is again behind the king. The king is seated on a throne upholstered in red velvet. The canopy is more sumptuous, as is the table’s velvet, which has a gold border. Francis I is seen in three-quarter view. As in the frontispiece to the Troys premiers livres d’histoire, he wears a garment reminiscent of the striped one in Jean Clouet’s celebrated painting at the Musée du Louvre (inv. 3256): a wide-necked gold cloth pourpoint adorned with taillades, an open-chested collar, a fur-lined saie with puffed sleeves, a flat hat with aigrettes and a long feather. This attire, in vogue in the 1520s and largely out of fashion in the following decade, appears as a prerogative of the sovereign: it is very often associated with François I until his death in 1547 and in posthumous images. Unlike the translation by Diodorus Siculus, however, Francis I’s face is more marked by age, and his beard is longer. This is a relatively common iconography, dating from the mid-1530s and known from an enlarged workshop drawing (Chantilly, inv. MN 2), a later version by François Clouet (Chantilly, inv. MN 3) and the equestrian portrait in the Louvre (inv. MI 1092).

Standing before the king, one knee on the ground and his hat in his hand, is a man in his forties. He hands the king two volumes bound in red leather, which the sovereign graciously accepts. Courtiers lined up on either side of the throne, with the chamber usher still standing at the back. Among the gentlemen and lawmen, two figures stand out. The first is a young man of handsome stature, dressed in blue velvet and wearing the collar of the Order of Saint Michael. Unlike the portraits in the miniature for the Troys premiers livres, this is the only individualized face besides that of the king. They share the same treatment, which differs from the rest of the work and confirms the intervention of a skilled portraitist, François Clouet, rather than his father Jean. The young man’s obvious importance, his youth and the order’s collar, which only the heir to the throne could receive at such an early age, leave little doubt that he is the Dauphin of France. However, it could hardly be François, who died prematurely in 1536, since the buttoned collar with stand-up collar was not worn until around 1540. Could this be instead the portrait of Henri de France, aged around twenty? Although there are few surviving portraits of the future Henry II before his accession, his physique seems quite different. The prince was dark-haired with black eyes, a long face and a straight, pointed nose. On the contrary, the resemblance to Charles d’Orléans, youngest son of François I, blond-haired with blue eyes and a strong, busted nose, as seen for example in drawings by François Clouet dating from the 1540s, is striking (Chantilly, inv. MN 13 and MN 17).

The second important figure is the cardinal, who seems to be the link between the monarch and the kneeling man. As with the kneeling man, his face is not an actual portrait, but it could be that of Hippolyte d’Este, Cardinal of Ferrara, who was awarded the purple in 1538 and the archbishopric of Lyon the following year. However, it is harder to suggest a name for the bearer of two books. The only certainty is that, unlike Antoine Macault, he was neither a churchman nor a jurist, since his attire is that of a wealthy bourgeois, or even a gentleman. The richness of his black and crimson silk garments is undeniable, but the gold chain around his neck seems devoid of the order’s medallion, and his toque is without a feather, heir to the feathers on knights' helms and a privilege of the nobility.

The illumination is a frontispiece or, more precisely, the verso of the first leaf of a presentation book for King Francis I. It would have consisted of two volumes. It would have consisted of two volumes and its author would have been a layman with no academic title. Cardinal d’Este (if it is indeed him) may have been his court protector. As for the date, once we accept the anachronistic nature of the king’s depiction, certain details seem to point to the early 1540s, such as the clothes of the prince in blue and the kneeling man, or the beard of the latter and a magistrate next to the cardinal. Moreover, if the young man is indeed Charles d’Orléans, he was not admitted to the Order until 1545. However, some portraits show him wearing the collar before this date. Francis I intended him to govern Milan: his presence at the expense of the Dauphin could be explained if the author of the works offered to the king was Italian.

All this leads us to formulate a hypothesis. Could the kneeling man be Sebastiano Serlio, who was invited to France in 1541 as ‘painter and architect to the king’ and built the Grand Ferrare mansion for Cardinal d’Este in Fontainebleau? The man’s face is rather reminiscent of the portrait painted by Bernardino Licinio around 1530 (Würzburg, Martin von Wagner Museum). The two books would then be the Premier livre d’architecture and Le second livre de perspective published in Paris in 1545, with a dedication to Francis I.

Whatever the case, this previously unpublished work is an invaluable addition to the unfortunately meagre corpus of French Renaissance portrait illuminations produced in collaboration between Noël Bellemare and the Clouets.

We are grateful to Alexandra Zverera for writing this note.

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