Une illustration du goût impérial russe
GUERIDON NEOCLASSIQUE

RUSSIE, VERS 1840

細節
GUERIDON NEOCLASSIQUE
RUSSIE, VERS 1840
En bronze ciselé et doré et bronze patiné, le dessus circulaire de granit rose de l'Oural restauré ceint d'une frise de laurier grainé ponctuée de fleurons et masques léonins retenant un anneau d'où s'échappe le piètement tripode réuni par une bague et chaussé de pattes de lion feuillagées et centré d'un serpent s'enroulant autour d'une tige sommée d'une pomme de pin, la base en plinthe à section triangulaire
H.: 85 cm. (33 ½ in.) ; D.: 71,5 cm. (28 in.)
出版
Bibliographie comparative :
A. Kuchumov, Pavlosk. Palace & Park, 1975, ill. 107.
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A NEOCLASSICAL ORMOLU AND PATINATED-BRONZE GUERIDON, RUSSIAN, CIRCA 1840

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière

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Cet élégant et imposant guéridon tripode mêlant tore de laurier et serpent d’inspiration égyptienne évoque sans conteste le néoclassicisme parisien en vogue en Russie dès le règne de la grande Catherine. D’ailleurs, un guéridon identique au présent guéridon trône au sein du palais de Pavlosk à Saint-Pétersbourg (cf. Bibliographie comparative), dont le néoclassicisme est mis en écho avec un tout aussi précieux vase Louis XVI de Dulac qu’il soutient.

L’art parisien prisé et imité par lempire russe

L’appétence de la Russie pour l’art français trouve ses racines dans les liens forts, notamment diplomatiques, qui se sont tissés entre le royaume et l’empire rendant alors possibles certains échanges artistiques et intellectuels. Ainsi Pierre le Grand viendra en France sous la Régence, plus tard Louis XV aura son ministre de la Russie le prince Galitzine, les écrivains Grimm et Laharpe séjourneront également à Saint-Pétersbourg, citons également la correspondance entre Catherine II et Voltaire.
Ce goût de la Russie pour l’Art français trouve également ses racines dans le rôle tenu par une grande famille de collectionneurs et mécènes : les Stroganov. En effet, le long séjour parisien (1771-1778) d’Alexandre Stroganov permet à ce-dernier de tisser des liens forts avec les peintres Hubert Robert, Jean-Baptiste Greuze, Joseph Vernet ou encore avec le philosophe Diderot. A son retour en Russie, Paul Ier le nommera président de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg.

Par conséquent, il est aisé de comprendre que l’art français étant devenu une référence, la Russie cherche à réaliser des œuvres inspirées du goût français. Il en est donc de même pour les bronzes dorés. Afin de les réaliser « à la manière de » Paris, attirer les artisans parisiens devient alors nécessaire.

Dans un premier temps, Pierre le Grand (1682-1725) invite le fondeur Etienne Sauvage, le ciseleur Noisiel dit Saint-Mauge, l’ornemaniste Nicolas Pineau (comme en témoigne ce projet de lanterne à aigle bicéphale « pour la cour de Russie » conservé au MAD, Paris, inv. 29093) et bien sûr des fondeurs et ciseleurs, malheureusement restés anonymes. Un certain sculpteur français, Louis Rolland, enseigne la sculpture ornementale au titre de membre de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg de 1766 à 1769 et ouvre un atelier afin d’y transmettre l’art de la ciselure.
Le second temps de cette politique culturelle coïncide avec le règne de Catherine II (1762-1796) qui donne une nouvelle impulsion à l’immigration d’artistes et artisans étrangers s’ajoutant à l’importation massive d’art français en tous genres. La Grande Catherine poursuit ainsi l’acquisition d’objets d’art français initiée par la tsarine Elisabeth (1742-1762) à l’époque de l’irrésistible et luxueux faste rocaille réputé de Louis XV.
Comme le rappelle Pierre Verlet (Les Bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Picard, 2003, p. 241), Antoine Simon, Etienne Gastecloux, Pierre-Louis Agie, Frédéric-Guillaume Dubut arrivent en Russie pour enseigner la fonte et la ciselure. Les artisans russes se nourrissent alors des enseignements dispensés par de nombreux français mais également des œuvres françaises présentes dans les palais de l’impératrice et réalisées par Houdon, Mailly, Benneman, Duplessis, Gouthière, Remond ouThomire.
Le présent guéridon s’inscrit ainsi dans cette vogue intense du goût parisien distillé dans de nombreuses pièces des palais impériaux et qui se prolongera sur plusieurs décennies.


Pavlosk, un palais impérial à Saint-Pétersbourg
Un guéridon identique au présent guéridon réalisé au début du XIXe siècle meuble le palais de Pavlosk. Il est illustré dans A. Kuchumov, Pavlosk. Palace & Park, Twickenham, 1975, ill. 107.
Ce guéridon illustre ainsi à merveille le goût de Paul Ier et Maria Feodorovna pour les arts décoratifs parisiens réinterprétés par la Russie, alors que la cour impériale sous l’impulsion de Catherine II a à cœur d’observer toutes les nouvelles tendances de la culture européenne ; l’ameublement des palais impériaux est alors une question essentielle de prestige tant pour la famille impériale que pour la Russie dans son ensemble.  

Le palais de Pavlosk, construit entre 1782 et 1786 par l’architecte écossais Charles Cameron, est offert par Catherine II à son enfant unique, le futur empereur de Russie, Paul Ier (1796-1801). Lui et son épouse Marie Feodorovna entreprennent des travaux d’agrandissement jusqu’à la fin des années 1780 – début des années 1790 sous la direction de l’architecte Vincenzo Brenna.
Pavlosk est alors l’un des plus beaux palais de Saint-Pétersbourg. La décoration intérieure est conçue par Marie Feodorovna et très certainement inspirée par leur long voyage en Europe de septembre 1781 à novembre 1782 que le couple avait effectué sous le pseudonyme de comte et comtesse du Nord, échappant ainsi au protocole et à la lourde étiquette des cours qu’il visite. Au cours de ce périple, Marie et Paul ont en effet eu accès aux plus belles collections d’arts européennes. Le couple aura notamment rapporté pour Pavlosk cette incroyable paire de vases-girandoles en porcelaine de Sèvres dorée par Nicolas Schrade et Jean-Jacques Dieu puis montés par le bronzier Duplessis fils et qui complétait la fabuleuse collection d’art décoratif de Juan de Beistegui jusqu’à sa dispersion orchestrée par Christie’s, Paris, le 10 septembre 2018 (lot 69).

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