Lot Essay
« En cherchant à obtenir une nouvelle transposition artistique du monde, Šíma parvient alors a une négation absolue dela réalité extérieure, au point zéro de la peinture, où le tableau devient l’expression d’une « sensibilité pure. » - Frantisek Smejkal
" In his quest for a new artistic transposition of the world, Šíma achieves an absolute negation of external reality, the zero point of painting, where the canvas becomes the expression of 'pure sensitivity. '' - Frantisek Smejkal
« Šíma est l’un de ces peintres, rares dans notre culture, qui voient le mystérieusement grand, le cosmique. Il ne le découvre pas dans la multiplicité ou la plénitude des choses, mais dans quelques éléments d’une portée étroite, souvent un seul accord… Je ne connais pas d’autre peintre qui ait conservé avec autant de pureté et de constance cette attitude contemplative qui est plus familière aux poètes qu’aux peintres. » - Meyer Schapiro
Horizons (1965) et Archéoptéryx (1968) de Josef Šíma sont des œuvres tardives de l’un des plus grands peintres tchèques du XXe siècle. Étroitement lié au groupe surréaliste dès le début de sa carrière, Šíma est surtout connu pour ses compositions oniriques, quasi abstraites, qui évoquent des paysages libres, la mythologie et des symboles naturels. L’artiste était attiré par les associations mystiques ou spirituelles de la peinture non figurative – en particulier les géométries, formes et couleurs épurées de l’artiste Piet Mondrian au début du XXe siècle – et par le langage visuel de l’inconscient. En effet, ses toiles donnent souvent l’impression d’être nettement immatérielles. Dans Archéoptéryx, Šíma utilise une palette profonde et terreuse, avec un réseau complexe de lignes hachurées évoquant des formes archaïques : reliefs anciens, hiéroglyphes, terrains sablonneux de civilisations lointaines. Comme son titre l’indique, Horizons fait référence aux limites imperceptibles de notre monde physique, à la fusion mystérieuse de la terre et de l’atmosphère. Exécuté au sommet du succès de l’artiste, ce dernier tableau a été exposé lors de l’exposition de Šíma au musée d’Art Moderne de Paris en 1968, l’un des points culminants de sa carrière de peintre.
Né dans la ville de Jaroměř en 1891, Šíma se forme auprès du peintre symboliste Jan Preisler à Prague et se revendique dans sa jeunesse du Devětsil, le principal mouvement d’avant-garde tchèque, avant de s’installer à Paris en 1921. Dans la capitale française, il côtoie le groupe surréaliste d’André Breton, exposant ses œuvres au côté des siennes lors du Salon des Surindépendants et accompagne Breton et Éluard lors de leur voyage à Prague pour rencontrer les surréalistes tchèques en 1935. L’édition tchèque de Nadja, publiée la même année, comportera une couverture illustrée par Šíma et un frontispice de Picasso. Bien que courtisé par Breton, Šíma ne rejoint finalement pas le mouvement surréaliste, cofondant un groupe parallèle baptisé Le Grand Jeu avec les poètes Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Roger Vailland. Comme leurs pairs surréalistes, ils philosophent et étudient les conditions du rêve, du sommeil, de l’inconscient et de la mémoire. Ensemble, et avec Šíma au poste de directeur artistique, les artistes de ce groupe ont produit des expositions, ainsi qu’une éphémère revue littéraire du même nom à la fin des années 1920. En 1992, une exposition consacrée au Grand Jeu a été organisée au musée d’Art Moderne, offrant une rétrospective de la carrière de Šíma. Dans Horizons, de légères formes géométriques semblent flotter sur un tableau lumineux et aérien de couleur taupe et beige. Avec des contours diffus, ces formes brillent comme des soleils ou des étoiles dans un ciel d’un autre monde et illustrent la vision cosmique de l’artiste.
L’expérimentalisme poétique de sa jeunesse reste omniprésent dans les œuvres de maturité de Šíma. Ses toiles atteignent un nouvel état de légèreté où des formes énigmatiques – prismes, trapèzes, pentagones – semblent se sublimer dans l’air. Archéoptéryx est un exemple classique de ce style tardif. En tachant sa toile avec des lavis atmosphériques de pigments, Šíma représente un paysage marin lointain qui se fond dans un ciel d'un bleu profond. Les lignes entrecroisées, semblables à des sillons, évoquent la forme - comme le suggère le titre - des vastes ailes d'une créature préhistorique. Apparu au Jurassique supérieur il y a environ 150 millions d'années, l'archéoptéryx est généralement considéré comme le plus vieil oiseau connu. Ici, Šíma explore son potentiel mystique en créant une surface nervurée et texturée comme un fossile récemment découvert.
L’artiste avait en grande partie abandonné la peinture pendant la Seconde Guerre mondiale, ne peignant que deux toiles durant cette période. En 1950, il revient à la peinture avec un enthousiasme renouvelé et, au cours des deux décennies suivantes, ouvre sa pratique à un large éventail de matériaux. Concevant des vitraux pour l’église Saint-Jacques de Reims, des illustrations de livres, des couvertures et des gravures, Šíma a bénéficié d’une seconde vague de reconnaissance lors d’un certain nombre d’expositions importantes à la fin de sa carrière. En 1959, ses œuvres ont été présentées à la Documenta 2 de Kassel et, en 1963, il a fait l’objet d’une grande rétrospective au musée de Reims.
'' Šíma is one of those painters, uncommon in our culture, who see the mysteriously grand, the cosmic. He discovers it not in the multiplicity or fullness of things, but in a few elements of narrow span, often a single chord … I do not know of another painter who has maintained with such purity and steadfastness this contemplative attitude which is more familiar through the poets than the painters''. - Meyer Schapiro
Josef Šíma’s Horizons (1965) and Archéoptéryx (1968) are late works by one of the most prominent Czech painters of the twentieth century. Forging close ties to the Surrealist group in his early career, Šíma is best known for his dreamlike, near-abstract compositions that conjure loose landscapes, mythology, and natural symbols. He was drawn to the mystic or spiritual associations of non-figurative painting—particularly the purified geometries, shapes and colours of early twentieth-century artist Piet Mondrian—and the visual language of the unconscious. Indeed, his canvases often feel distinctly immaterial. In Archéoptéryx, Šíma uses a deep, earthy palette and a complex lattice of hatched line to evoke archaic forms: fossilised reliefs, hieroglyphs, the sandy terrains of distant civilisations. Horizons, as its title suggests, nods to the imperceptible bounds of our physical world, the mysterious fusion of earth and atmosphere. Executed at the height of the artist’s success, this latter painting was included in Šíma’s major culminative exhibition at the Musée d’Art Moderne de Paris in 1968.
Born in the town of Jaroměř in 1891, Šíma trained under Symbolist painter Jan Preisler in Prague and spent his early career involved with Devětsil—the foremost Czech avant-garde movement—before moving to Paris in 1921. In the French capital he rubbed shoulders with André Breton’s Surrealist group, exhibiting his works alongside theirs at the Salon des Surindépendants and accompanying Breton and Paul Éluard on their trip to Prague to meet the Czech Surrealists in 1935. The Czech edition of Nadja, published that same year, would feature a cover illustrated by Šíma and a frontispiece by Picasso. Though courted by Breton, Šíma resisted total adoption by the movement, co-founding an adjacent group called Le Grande Jeu with the poets Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal, and Roger Vailland. Like their Surrealist peers, they philosophised and rigorously investigated the conditions of dream, sleep, the unconscious and memory. Together, and with Šíma in the position of artistic director, they produced exhibitions and a short-lived literary journal of the same name in the late-twenties. In 1992, an exhibition dedicated to Le Grand Jeu was held at the Musée d’Art Moderne, which offered a retrospective survey of Šíma’s career. In Horizon, faint, geometric shapes float across a luminous, airy tableau of taupe and tan. Diffusely outlined, they glow like suns or stars in an otherworldly sky, and exemplify the artist’s purified, cosmic vision for his paintings.
In Šíma’s mature works, the poetic experimentalism of his youth remains. His canvases reached new realms of lightness where enigmatic forms—prisms, trapezoids, pentagons—seem to sublimate into air. Archéoptéryx stands as a classic example of this late style. Staining his canvas with atmospheric washes of pigment, Šíma renders a distant seascape that diffuses into a deep blue sky. Intersecting groove-like lines conjure the shape—as the title suggests—of the vast wings of a prehistoric creature. Existing in the Late Jurassic around 150 million years ago, the Archaeopteryx is generally accepted to be the oldest known bird. Here, Šíma explores its mystical potential, creating a surface that is ribbed and textured like a newly discovered fossil.
The artist had for the most part abandoned painting during the Second World War, painting only two canvases in this time. He returned with newfound enthusiasm to the medium in 1950, and over the subsequent two decades he opened his practice to a wide range of materials. Designing stained glass windows for Reims’s Church of St Jacques, books illustrations, covers and prints, Šíma was met with a second wave of recognition in a number of significant institutional shows in his late career. In 1959, his art was included in documenta 2 in Kassel, and in 1963 he was the subject of a major retrospective at the Musée de Reims.
" In his quest for a new artistic transposition of the world, Šíma achieves an absolute negation of external reality, the zero point of painting, where the canvas becomes the expression of 'pure sensitivity. '' - Frantisek Smejkal
« Šíma est l’un de ces peintres, rares dans notre culture, qui voient le mystérieusement grand, le cosmique. Il ne le découvre pas dans la multiplicité ou la plénitude des choses, mais dans quelques éléments d’une portée étroite, souvent un seul accord… Je ne connais pas d’autre peintre qui ait conservé avec autant de pureté et de constance cette attitude contemplative qui est plus familière aux poètes qu’aux peintres. » - Meyer Schapiro
Horizons (1965) et Archéoptéryx (1968) de Josef Šíma sont des œuvres tardives de l’un des plus grands peintres tchèques du XXe siècle. Étroitement lié au groupe surréaliste dès le début de sa carrière, Šíma est surtout connu pour ses compositions oniriques, quasi abstraites, qui évoquent des paysages libres, la mythologie et des symboles naturels. L’artiste était attiré par les associations mystiques ou spirituelles de la peinture non figurative – en particulier les géométries, formes et couleurs épurées de l’artiste Piet Mondrian au début du XXe siècle – et par le langage visuel de l’inconscient. En effet, ses toiles donnent souvent l’impression d’être nettement immatérielles. Dans Archéoptéryx, Šíma utilise une palette profonde et terreuse, avec un réseau complexe de lignes hachurées évoquant des formes archaïques : reliefs anciens, hiéroglyphes, terrains sablonneux de civilisations lointaines. Comme son titre l’indique, Horizons fait référence aux limites imperceptibles de notre monde physique, à la fusion mystérieuse de la terre et de l’atmosphère. Exécuté au sommet du succès de l’artiste, ce dernier tableau a été exposé lors de l’exposition de Šíma au musée d’Art Moderne de Paris en 1968, l’un des points culminants de sa carrière de peintre.
Né dans la ville de Jaroměř en 1891, Šíma se forme auprès du peintre symboliste Jan Preisler à Prague et se revendique dans sa jeunesse du Devětsil, le principal mouvement d’avant-garde tchèque, avant de s’installer à Paris en 1921. Dans la capitale française, il côtoie le groupe surréaliste d’André Breton, exposant ses œuvres au côté des siennes lors du Salon des Surindépendants et accompagne Breton et Éluard lors de leur voyage à Prague pour rencontrer les surréalistes tchèques en 1935. L’édition tchèque de Nadja, publiée la même année, comportera une couverture illustrée par Šíma et un frontispice de Picasso. Bien que courtisé par Breton, Šíma ne rejoint finalement pas le mouvement surréaliste, cofondant un groupe parallèle baptisé Le Grand Jeu avec les poètes Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Roger Vailland. Comme leurs pairs surréalistes, ils philosophent et étudient les conditions du rêve, du sommeil, de l’inconscient et de la mémoire. Ensemble, et avec Šíma au poste de directeur artistique, les artistes de ce groupe ont produit des expositions, ainsi qu’une éphémère revue littéraire du même nom à la fin des années 1920. En 1992, une exposition consacrée au Grand Jeu a été organisée au musée d’Art Moderne, offrant une rétrospective de la carrière de Šíma. Dans Horizons, de légères formes géométriques semblent flotter sur un tableau lumineux et aérien de couleur taupe et beige. Avec des contours diffus, ces formes brillent comme des soleils ou des étoiles dans un ciel d’un autre monde et illustrent la vision cosmique de l’artiste.
L’expérimentalisme poétique de sa jeunesse reste omniprésent dans les œuvres de maturité de Šíma. Ses toiles atteignent un nouvel état de légèreté où des formes énigmatiques – prismes, trapèzes, pentagones – semblent se sublimer dans l’air. Archéoptéryx est un exemple classique de ce style tardif. En tachant sa toile avec des lavis atmosphériques de pigments, Šíma représente un paysage marin lointain qui se fond dans un ciel d'un bleu profond. Les lignes entrecroisées, semblables à des sillons, évoquent la forme - comme le suggère le titre - des vastes ailes d'une créature préhistorique. Apparu au Jurassique supérieur il y a environ 150 millions d'années, l'archéoptéryx est généralement considéré comme le plus vieil oiseau connu. Ici, Šíma explore son potentiel mystique en créant une surface nervurée et texturée comme un fossile récemment découvert.
L’artiste avait en grande partie abandonné la peinture pendant la Seconde Guerre mondiale, ne peignant que deux toiles durant cette période. En 1950, il revient à la peinture avec un enthousiasme renouvelé et, au cours des deux décennies suivantes, ouvre sa pratique à un large éventail de matériaux. Concevant des vitraux pour l’église Saint-Jacques de Reims, des illustrations de livres, des couvertures et des gravures, Šíma a bénéficié d’une seconde vague de reconnaissance lors d’un certain nombre d’expositions importantes à la fin de sa carrière. En 1959, ses œuvres ont été présentées à la Documenta 2 de Kassel et, en 1963, il a fait l’objet d’une grande rétrospective au musée de Reims.
'' Šíma is one of those painters, uncommon in our culture, who see the mysteriously grand, the cosmic. He discovers it not in the multiplicity or fullness of things, but in a few elements of narrow span, often a single chord … I do not know of another painter who has maintained with such purity and steadfastness this contemplative attitude which is more familiar through the poets than the painters''. - Meyer Schapiro
Josef Šíma’s Horizons (1965) and Archéoptéryx (1968) are late works by one of the most prominent Czech painters of the twentieth century. Forging close ties to the Surrealist group in his early career, Šíma is best known for his dreamlike, near-abstract compositions that conjure loose landscapes, mythology, and natural symbols. He was drawn to the mystic or spiritual associations of non-figurative painting—particularly the purified geometries, shapes and colours of early twentieth-century artist Piet Mondrian—and the visual language of the unconscious. Indeed, his canvases often feel distinctly immaterial. In Archéoptéryx, Šíma uses a deep, earthy palette and a complex lattice of hatched line to evoke archaic forms: fossilised reliefs, hieroglyphs, the sandy terrains of distant civilisations. Horizons, as its title suggests, nods to the imperceptible bounds of our physical world, the mysterious fusion of earth and atmosphere. Executed at the height of the artist’s success, this latter painting was included in Šíma’s major culminative exhibition at the Musée d’Art Moderne de Paris in 1968.
Born in the town of Jaroměř in 1891, Šíma trained under Symbolist painter Jan Preisler in Prague and spent his early career involved with Devětsil—the foremost Czech avant-garde movement—before moving to Paris in 1921. In the French capital he rubbed shoulders with André Breton’s Surrealist group, exhibiting his works alongside theirs at the Salon des Surindépendants and accompanying Breton and Paul Éluard on their trip to Prague to meet the Czech Surrealists in 1935. The Czech edition of Nadja, published that same year, would feature a cover illustrated by Šíma and a frontispiece by Picasso. Though courted by Breton, Šíma resisted total adoption by the movement, co-founding an adjacent group called Le Grande Jeu with the poets Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal, and Roger Vailland. Like their Surrealist peers, they philosophised and rigorously investigated the conditions of dream, sleep, the unconscious and memory. Together, and with Šíma in the position of artistic director, they produced exhibitions and a short-lived literary journal of the same name in the late-twenties. In 1992, an exhibition dedicated to Le Grand Jeu was held at the Musée d’Art Moderne, which offered a retrospective survey of Šíma’s career. In Horizon, faint, geometric shapes float across a luminous, airy tableau of taupe and tan. Diffusely outlined, they glow like suns or stars in an otherworldly sky, and exemplify the artist’s purified, cosmic vision for his paintings.
In Šíma’s mature works, the poetic experimentalism of his youth remains. His canvases reached new realms of lightness where enigmatic forms—prisms, trapezoids, pentagons—seem to sublimate into air. Archéoptéryx stands as a classic example of this late style. Staining his canvas with atmospheric washes of pigment, Šíma renders a distant seascape that diffuses into a deep blue sky. Intersecting groove-like lines conjure the shape—as the title suggests—of the vast wings of a prehistoric creature. Existing in the Late Jurassic around 150 million years ago, the Archaeopteryx is generally accepted to be the oldest known bird. Here, Šíma explores its mystical potential, creating a surface that is ribbed and textured like a newly discovered fossil.
The artist had for the most part abandoned painting during the Second World War, painting only two canvases in this time. He returned with newfound enthusiasm to the medium in 1950, and over the subsequent two decades he opened his practice to a wide range of materials. Designing stained glass windows for Reims’s Church of St Jacques, books illustrations, covers and prints, Šíma was met with a second wave of recognition in a number of significant institutional shows in his late career. In 1959, his art was included in documenta 2 in Kassel, and in 1963 he was the subject of a major retrospective at the Musée de Reims.