GERMAINE RICHIER (1904-1959)
IMPORTANTE COLLECTION PRIVÉE FRANÇAISE
GERMAINE RICHIER (1904-1959)

L'Echiquier, grand

Details
GERMAINE RICHIER (1904-1959)
L'Echiquier, grand
chaque: signé et numéroté 'G. Richier 2/8' (sur la terrasse) et porte le cachet du fondeur 'Cire Perdue Valsuani' (sur la tranche)
bronze à patine foncée
Le Roi: 206 x 50 x 32 cm. (81 1/8 x 19 5/8 x 12½ in.)
La Reine: 225 x 44 x 33 cm. (88½ x 17 3/8 x 13 in.)
Le Cavalier: 167 x 37 x 41 cm. (65¾ x 14½ x 16 1/8 in.)
La Tour: 197 x 40 x 29 cm. (77½ x 15¾ x 11 3/8 in.)
Le Fou: 173 x 61 x 33 cm. (68 1/8 x 24 x 13 in.)
Conçue en 1959, cette oeuvre porte le numéro 2/8 d'un tirage original de onze exemplaires, numérotés de 1/8 à 8/8 et HC1, HC2, HC3. (5)
Provenance
Galerie Creuzevault, Paris
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 1968
Literature
G. Limbour, "Germaine Richier", préface du catalogue de l'exposition, Paris, Galerie Creuzevault, juin 1959.
D. Chevalier, "Germaine Richier", Arts, Paris, 16 juin 1959, No. 726.
G. Limbour, "Personnages imaginaires", Lettres nouvelles, Paris, 17 juin 1959, pp. 31-32.
Y. Taillandier, "Germaine Richier: On fait toujours la même sculpture", XXe Siècle, Paris, juin 1959, 1ère année, No. 4, p.8.
R. Dor de La Souchere, "Créations et récréations de Germaine Richier", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, Antibes, Musée Grimaldi, château d'Antibes, 1959.
R. Barotte, "Germaine Richier... a mêlé la réalité à l'imaginaire", Le journal des arts, Paris, 4 août 1959, p. 6E.
P. Descargues, "Une force en marche", Les Lettres françaises, Paris, août 1959.
C. Roger-Marx, "Cette héritière inspirée des grands maîtres: Germaine Richier", le Figaro, Paris, 8 août 1959.
R. Barotte, "Germaine Richier avait marié la peinture à la sculpture", Le Provençal, Marseille, 9 août 1959.
R. Couturier, "La force de son oeuvre", Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 août 1959, p. 7.
A. Giacometti, "Assis parmi ses sculptures", Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 août 1959, p.7.
M.H. Vieira da Silva, "Son atelier était plein d'une étrange musique", Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 août 1959, p.7.
F. Hellens, "La première exposition posthume de Germaine Richier", Les Beaux-arts, Bruxelles, 22 avril 1960, No. 894, p. 12.
P. Schneider, "To Germaine Richier", Art News, New York, 1960, vol. 59, No. 4, pp. 49-50 et 66.
J. Cassou, Richier, Paris, 1961.
H. Cingria, "Arles", Les Lettres françaises, Paris, juillet-août 1964.
R. Varia, "Un poet tragic", in Secolul 20, Bucarest, 1968, No. 3.
Brassai, "Germaine Richier", Les Artistes de ma vie, Paris, 1982, pp. 194-197.
I. Jianou, G. Xurigura et A. Lardera, "Germaine Richier", in La Sculpture moderne, Paris, 1982, p. 178.
F. Guiter, "Biographie", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, Humlebaek, Louisian Museum of Modern Art, août-septembre 1988, pp. 20 et 32.
E. Lebovici, "L'atelier de Germaine Richier vu par Pierre-Olivier Deschamps", Beaux-arts magazine, Paris, novembre 1989, No. 73, pp. 94-99.
H. Bellet, "L'Echiquier, grand", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, rétrospective, Saint-Paul, Fondation Maeght, avril-septembre 1996, pp. 184-192.
F. Guiter, "Biographie", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, rétrospective, Saint-Paul, Fondation Maeght, avril-septembre 1996, pp. 19-21, 32-33, 74-75 et 108-109.
G. Breerette, "Les étranges créatures de Germaine Richier enfin rassemblées", Le Monde, Paris, 17 avril 1996.
I. Goldberg, "Les bêtes humaines de Germaine Richier", Beaux-arts magazine, Paris, mai 1996, pp. 64-68.
A. Dreyfus, "Germaine Richier, des spectres familiers", Libération, Paris, 18 juin 1996, p. 37.
F. Guiter, "Biographie", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, Berlin, Akademie der Künste, septembre-novembre 1997, pp. 8-19.
C. Lichtenstern, "Germaine Richier, réalisme fantastique - Versuch Ortsbestimmung", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, Berlin, Akademie der Künste, septembre-novembre 1997, pp. 46-57.
J. Merkert, "Germaine Richier und die Moderne oder Bildhauerische Künheit aus dem Geiste der Tradition", in catalogue de l'exposition Germaine Richier, Berlin, Akademie der Künste, septembre-novembre 1997, pp. 20-31.
F. Guiter, "Biographie", in catalogue de l'exposition Richier, Venise, Peggy Guggenheim Collection, octobre 2006-février 2007, pp. 129-135.
Germaine Richier - Retrospective, catalogue de l'exposition, Berne, Kunstmuseum Bern, novembre 2013-avril 2014, pp. 166-167.
Germaine Richier Sculpture 1934-1959, catalogue de l'exposition, New York, Galerie Dominique Lévy et Galerie Emmanuel Perrotin, février-avril 2014, phot. 134, 135, 136, 137 et 139.
Exhibited
Paris, Galerie Creuzevault, Germaine Richier, juin 1959, No. 23.
Antibes, Musée Grimaldi-château d'Antibes, Germaine Richier, juillet-septembre 1959, No. 36 (un autre exemplaire exposé).
Paris, Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, XVIe Salon de mai, mai 1960, No. 25 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Zurich, Kunsthaus, Germaine Richier, juin-juillet 1963, No. 117 (un autre exemplaire exposé).
Londres, Tate Gallery, 1954-1964: paintings and sculpture of a decade, avril-juin 1964, No. 106 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Arles, Musée Réattu, Germaine Richier, juillet-septembre 1964, No. 79 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Paris, Musée Rodin, "Formes humaines", IIIe Biennale internationale de sculpture contemporaine, mai-juin 1968, No. 10-14 (illustré au catalogue d'exposition, non paginé).
Humlebaek, Louisiana Museum of Modern Art, Germaine Richier, août-septembre 1988, No. 41 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Berlin, Akademie der Künste, Germaine Richier, septembre-novembre 1997, No. 112a-116a (un autre exemplaire exposéet illustré au catalogue d'exposition p. 42).
Londres, Tate Modern, Opening, mai 2000 (un autre exemplaire exposé).
Brême, Gerhard Mark-Haus, Hommages à la sculpture - Matisse, Laurens, Giacometti, Ernst, Richier, Chilida, Kounellis, septembre 2000-janvier 2001 (un autre exemplaire exposé).
Shaniwigan, Musée des Beaux-arts du Canada, Le corps transformé, juin-octobre 2003, No. 38 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Venise, Peggy Guggenheim Collection, Richier, octobre 2006-février 2007 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Berne, Kunstmuseum Bern, Germaine Richier - Retrospektive, novembre 2013-avril 2014, No. 84 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
New York, Galerie Dominique Lévy - Galerie Perrotin, Germaine Richier - Sculptures 1934-1959, février-avril 2014 (un autre exemplaire exposé et illustré au catalogue d'exposition).
Further details
'L'ECHIQUIER, GRAND'; EACH SIGNED AND NUMBERED ON THE BASE AND WITH THE FOUNDRY MARK ON THE EDGE; BRONZE WITH DARK PATINA.

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Christophe Durant-Ruel
Christophe Durant-Ruel

Lot Essay

Cette oeuvre figurera dans le Catalogue raisonné Vie et Oeuvre de Germaine Richier, actuellement en préparation et dont Françoise Guiter est l'auteur.

Au début de l'année 1959, alors qu'elle vient de passer deux années difficiles assombries par une santé fragile, Germaine Richier retrouve ses forces et se replonge dans la sculpture. Elle souhaite notamment reprendre une petite pièce qu'elle a réalisée quatre ans auparavant, l'Echiquier, petit, pour la retravailler en lui donnant une dimension plus importante dans l'espace via le procédé de l'agrandissement. Cette technique, qu'elle a en définitive très peu utilisée au cours de son oeuvre, lui permet de changer d'échelle et d'aborder ses créations sous un angle totalement différent. Avec l'aide de Robert Haligon, elle aborde donc les cinq figures initiales pour leur donner de nouvelles proportions. Néanmoins, cette démarche lui impose de refaire un plâtre original qu'elle retravaille car les nouvelles dimensions nécessite des ajustements et l'oblige à revoir sa création première. La nouvelle version agrandie est en effet considérée par Richier comme une oeuvre parfaitement indépendante de la petite soeur qui lui a offert ses prémices. "Un agrandissement est une chose délicate qui ne doit pas dépasser un certain seuil. " explique-t-elle. C'est pourquoi, tant le modelé que le volume sont particulièrement soignés par l'artiste de manière à conserver cette alchimie qui existe entre les cinq personnages.

Quelques mois plus tard, en juin 1959, le plâtre original est mis en avant lors de l'exposition que lui consacre la galerie Henri Creuzevault à Paris. Pour présenter ce dernier, Richier a choisi de le peindre - comme elle le fait de plus en plus fréquemment - combinant ainsi peinture et sculpture pour mieux en souligner les lignes, les creux et aspérités qui composent ses figures. Georges Limbour qui écrit alors la préface de l'exposition note au sujet de la pièce : "Richier découvre que le jeu d'échecs aux figures traditionnelles pourrait être modifié par un sculpteur épris de personnages imaginaires et avide de leur trouver dans l'espace de nouvelles relations. C'est alors qu'elle imagine cinq personnages du jeu, déplaçables sur un échiquier dont les cases noires et blanches sont remplacées par des volumes et des creux, grand socle de bronze, en relief."

L'Echiquier, grand que nous présentons est le deuxième tirage original en bronze réalisé par le fondeur Valsuani. Acquis directement auprès d'Henri Creuzevault, il est demeuré au sein de la même collection depuis. Pièce essentielle au regard de son travail de sculpteur, L'Echiquier, grand est présent dans de prestigieuses collections publiques, particulièrement à Oslo, dans celles du Astrup Fearnly Museet for Moderne Kunst, celles de le Hamburger Kunsthalle d'Hambourg ou encore celles du Musée national d'Art Moderne Centre Georges Pompidou, exposé dans le Jardin des Tuileries. Le plâtre original est quant à lui conservé dans les collections de la Tate Gallery à Londres.

Cependant, en juillet 1959, Germaine Richier est de nouveau affaiblie et s'éteint sans connaître la postérité internationale qui lui revient quelques mois plus tard en étant présentée autant lors de la première Documenta de Kassel qu'au MoMA de New York. Consciemment ou non, L'Echiquier grand fait figure aujourd'hui d'oeuvre testamentaire et semble parfaitement synthétiser les années de recherches menées par l'artiste. Ici, elle insuffle une vie, une poésie propre à son univers bâti autour de figures polymorphes combinant l'humain et le végétal :le roi, au buste solide, voit ainsi sa tête faite d'un reliquat d'arrête et sa main n'est autre que le compas du sculpteur, la reine les bras levés dont la morphologie rappelle certaines oeuvres antérieures comme la Mante ou le Griffu, ou encore le fou dont le ventre ovoïde est coiffé de cornes empruntées au bestiaire animale pour lui en faire un bonnet. "Toutes mes sculptures, mêmes les plus imaginées partent toujours de quelque chose de vrai, d'une vérité organique. L'imagination a besoin de départ. On peut ainsi déboucher de plain-pied dans la poésie. J'invente plus facilement en regardant la nature, sa présence me rend indépendante."

At the start of 1959, having spent two difficult years plagued by ill health, Germaine Richier's strength returned and she immersed herself in her sculpture once again. She particularly wanted to rework a small piece she had produced four years before, Echiquier, petit (Chess board, small) making its volume larger using the process of enlargement. This technique, which she actually used very rarely in her work, enabled her to change scale and come at her creations from a completely new perspective. With the help of Robert Haligon, she tackled the first five figures to give them new proportions. She needed to recreate and rework an original plaster, however, since the new dimensions required adjustments to be made and she was forced to revise her original creation. In fact, the new, enlarged version was considered by Richier to be completely independent from the little sister which inspired it. "An enlargement is something delicate which shouldn't exceed a certain threshold," she explains. That is why the artist took particular care over both the modelling and the dimensions, so as to retain that alchemy which exists between the five characters.
A few months later, in June 1959, the original plaster was displayed at the exhibition dedicated to her at the Galerie Henri Creuzevault in Paris. To introduce the plaster, Richier chose to paint it - as she was doing increasingly - thereby combining painting and sculpture to emphasise her figures' constituent lines, hollows and bumps. Georges Limbour, who was then working on the preface for the exhibition, wrote about the piece: "Richier is discovering that the game of chess with traditional figures can be modified by a sculptor who loves imaginary figures and is eager to give them new relationships in space. She therefore creates five game figures which can be moved on a chess board whose black and white squares have been replaced by protrusions and hollows, and a large bronze base, in relief."

The sculpture
Echiquier, grand (Chess board, large) presented here is the second original casting in bronze produced by the Valsuani foundry. It was acquired directly from Henri Creuzevault and has remained in the same collection ever since. A key piece in terms of the artist's work as a sculptor, Echiquier, grand is held in prestigious public collections, particularly in Oslo, in the Astrup Fearnley Museet for Moderne Kunst, the Hamburger Kunsthalle in Hamburg and the Pompidou Centre in Paris, as well as being on display in the Jardin des Tuileries. The original plaster is housed in the collections of the Tate Gallery in London.

In July 1959, Germaine Richier was again overcome by illness, however, and died without knowing the international recognition she would achieve a few months later when her work appeared in both the Documenta exhibition in Kassel and the MoMA in New York. Whether consciously or not,
Echiquier, grand is now an archetypal work and seems to perfectly embody the years of research carried out by the artist. She breathes life into this work, her special poetry constructed around polymorphous figures combining human and animal traits. The head of the barrel-chested king, for instance, resembles a fish bone and his hand is made from the artist's callipers, the queen's arms are raised in a morphology reminiscent of previous works such as Mante and Griffu, and the bishop, whose egg-shaped stomach is topped off with horns borrowed from bestiary to create a hat. "All my sculptures, even the ones from my deepest imagination, start from something true, from an organic truth. The imagination needs a starting point. It can then completely unlock the poetry. I find it easier to invent looking at nature, its presence makes me independent."

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